Les arrestations se poursuivent après l’évasion d’Houcine Arfa de la maison de force de Tsiafahy en décembre. En tout, sept personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles se trouvent des agents de l’administration pénitentiaire, des membres du personnel médical de la maison de force, et un magistrat
En attendant le résultat de l’enquête menée par la Justice française dans l’affaire Houcine Arfa, les auditions se poursuivent afin de retrouver les complices ayant permis son évasion. Au total, sept personnes ont étés arrêtées depuis l’éclatement de cette affaire. Outre les deux agents d’escorte ainsi que les deux personnels médicaux de la prison de Tsiafahy, un chauffeur de taxi, un autre responsable de l’administration pénitentiaire et dernièrement un juge d’instruction, ont été également placés en garde à vue. Les deux derniers ont été arrêtés suivant le résultat de l’enquête administrative menée par le Bureau de coordination du contrôle des juridictions et des établissements pénitentiaires (BCCJEP). Il s’agit d’un département en charge de l’enquête administrative pré-disciplinaire et du contrôle interne au sein du ministère de la Justice. Le BCCJEP a effectué une réquisition d’une dizaine de conversations téléphoniques effectuées par Houcine Arfa, du 25 au 29 décembre, jour qui a suivi l’évasion.
«Dans ces appels, la voix de deux personnes considérées comme intermédiaires à l’évasion se répètent à chaque fois», a fait savoir le directeur de commission de l’intégrité du BCCJEP, Solofohery Razafindrakoto, lors d’un point de presse au ministère de la Justice à Faravohitra, hier.
À l’entendre, les recherches ont permis de conclure que les personnes en question étaient respectivement un éducateur spécialisé de l’administration pénitentiaire travaillant auprès du ministère de la Justice, et un juge d’instruction au sein de la Cour d’appel. Ce dernier a été arrêté par la Brigade criminelle à Ambatolampy jeudi, et auditionné par des magistrats, selon une source proche du dossier. Outre la faute disciplinaire qu’il a commise, ce magistrat serait également poursuivi pour complicité d’évasion et corruption. «Les renseignements reçus après les enquêtes seront transmis au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ainsi que le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO)», selon la Coordinatrice du BCCJEP, Miadantsoa Ramalajaona.
Outre la réquisition d’appel téléphonique, des auditions ont étés également menées auparavant selon toujours Solofohery Razafindrakoto. Ainsi, contrairement aux affirmations actuelles, la ministre de la Justice faisait partie des personnes déjà auditionnées dans cette affaire. À part cette dernière, d’autres responsables dont le nom a été cité par l’évadé Houcine Arfa ont été également entendus. Il s’agit, entre autres, du procureur général de la Cour d’Appel, du directeur régional de l’administration pénitentiaire et des responsables de la maison de force de Tsiafahy et de la prison d’Antanimora, mais également l’avocat de la personne en question. L’audition de ces personnes citées n’aurait pas abouti à des éléments les incriminants. Par ailleurs, lors de son audition, le chauffeur de taxi à bord duquel l’évadé a été emmené le jour de l’évasion aurait avoué que l’idée d’une embuscade était montée de toute pièce. «Ce chauffeur aurait changé de direction après que l’évadé ainsi que ses deux complices lui aient soudoyé de l’argent», selon toujours Solofohery Razafindrakoto. Ainsi, ce chauffeur aurait été déjà lui aussi placé sous mandat de dépôt à Antanimora pour complicité d’évasion.
Cette tournure de l’affaire démontre ainsi que des suites ont étés apportées aux requêtes du Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) pour l’ouverture d’une enquête interne au sein du ministère de la Justice. Cependant, le SMM saura-t-il faire face à la vérité tout en laissant de côté ses affinités politiques qui ne sont plus cachées ? Ce syndicat en politisant l’affaire, n’a cessé de demander la tête du directeur de cabinet et du ministre de la Justice dont le résultat de l’enquête n’a pas permis de les incriminer. La même question reste valable aussi pour le Syndicat des agents de l’administration pénitentiaire. Ce syndicat qui aurait pu faire l’objet d’une manipulation de l’éducateur spécialisé de l’administration pénitentiaire qui est également membre de bureau de ce syndicat.