En ayant vu la destruction de tout cet arsenal récolté lors de l’opération AMNISTIE DES ARMES menée par le gouvernement actuel, rejoignant un programme de l’Union Africaine dont l’esprit est de « Faire taire les armes », j’en fus époustouflé sinon ébaubi par le mode opératoire que la partie malgache avait choisie. Avant de nous étaler sur nos argumentations, situons d’abord le problème qui est le résultat d’un appel gouvernemental à tous les détenteurs illégaux d’armes à feu, de déposer ces dernières aux autorités compétentes sans qu’ils encourent des poursuites judiciaires ultérieurement. En réponse, 843 fusils et pistolets ont été rendus aux autorités dans tout Madagascar. Cet appel aux actions citoyennes est une initiative inédite des plus louables dans l’exercice gouvernemental, mais la continuité qu’on a donnée à cet acte est carrément aberrante. Eh oui, cette continuité était la destruction de tous les fusils et pistolets illégaux (sic).
L’insécurité illustrée par des crimes de tout bord est un des plus grands problèmes du pays. Des crimes et délits non élucidés de toutes sortes jonchent les pages des journaux tout au long de l’année. Bon nombre d’assassinats perpétrés par des criminels dotés d’armes à feu n’ont pas encore été élucidés par les forces de l’ordre et des enquêtes sont encore en cours. Sans vouloir accuser les possesseurs d’armes qui ont rendu leurs équipements de mort de bonne foi, toutes ces armes sont susceptibles d’avoir déjà été utilisées dans des actes délictuels. Si cela avait été, jusqu’à preuve du contraire, elles constituent encore des preuves potentielles de massacres commis sur le territoire malgache. En détruisant toute traçabilité concernant ces fusils ou pistolets, le gouvernement est entièrement responsable non seulement des meurtres non élucidés qui se sont produits à Madagascar, mais aussi de l’amnistie involontaire ou volontaire de criminels en puissance.
On est en train de se demander le pourquoi de cet empressement à faire disparaître un arsenal qui aurait pu confirmer ou infirmer des meurtres faits dans l’île. On aurait pu l’utiliser à d’autres fins qui seraient d’armer nos forces de l’ordre. Vu la pauvreté de l’Etat malgache et la cherté des armes, ça aurait été de bon aloi de réinsérer ces dernières dans le circuit des armes des forces de l’ordre pour les besoins de la cause, en adoptant l’adage « Rien ne se perd, tout se transforme ».
Par ces faits incompréhensibles dans la décision de responsables étatiques, on se permet maintenant de douter de l’innocence de cet acte qui a peut-être amnistié des cocos (copains-cochons), car ils seront désormais à l’abri de toutes poursuites judiciaires pour absence de preuve.
Innover des démarches étatiques en secouant la léthargie existant dans ce domaine de la sécurité est honorable. Dommage que les problèmes collatéraux y afférents n’aient pas été bien cernés pour faire de cette action une réussite dans la gestion de la sécurité publique. Il ne fallait pas PROCEDER A LA DESTRUCTION MASSIVE DE CET ARSENAL MILITAIRE, chose inqualifiable et irresponsable alors que certains de ces armes avaient pu participer aux massacres de victimes innocentes.
– La traçabilité de chaque arme rendue aurait pu nous éclaircir sur les meurtres perpétrés auparavant.
– L’identification de la provenance de cette dernière aurait pu tirer au clair des zones d’ombre sur les fournisseurs ou revendeurs d’armes existant au pays.
– L’analyse de la concordance ou non avec des braquages ou des meurtres déjà répertoriés, aurait permis de tirer des conclusions sur l’innocence ou la culpabilité de son propriétaire.
Cette innovation au lieu de la réussite que ses concepteurs attendaient, est devenue une bévue administrative grosse comme un camion à cause de l’élimination de preuves qui auraient pu enlever le doute concernant les armes détruites.
Comme c’est une amnistie pure et simple, en fait, qui peut donner une amnistie ? Est-ce le ressort d’un gouvernement de transition ? D’après certaines informations sur l’amnistie, la justice peut dépénaliser l’effecteur d’un délit, mais l’élément utilisé pour l’infraction qui constitue une preuve ne doit aucunement être détruite.
Au fait, ce n’est pas la première fois que nos gouvernements détruisent des preuves avérées dans des exactions sociétales. Il y avait aussi récemment l’histoire des copies brulées après l’annulation d’un concours administratif pour soupçon de fraude et corruption. Ces gouvernants spécialisés dans l’escamotage de preuve sont inquiétants pour la rectitude d’une élection présidentielle. Comme on dit, « Jamais deux sans trois », la SENTINELLE est alors en droit de se demander si la troisième destruction de preuve concernant les plaintes sur les fraudes électorales va se produire lors de ce scrutin de 2018…
Max Randriantefy