Bon nombre de personnes ont peur des magistrats, car ils sont considérés comme étant des personnes qui ont le pouvoir de mettre quelqu’un en prison, car ils sont supérieurs même à la police et à la gendarmerie, car il y a eu une période – et on espère que cela ne se reproduira plus puisqu’il ne s’agit plus de transition cette fois-ci – où ceux qui réussissaient le concours n’étaient pas les meilleurs, mais la famille de la Ministre ou des proches à elle dont certains ont par la suite étaient renvoyés de l’école de la magistrature. Bon nombre de personnes craignent les magistrats, certains inspirent le respect, d’autres le mépris… mais les amalgames sont vite faits, les magistrats qui publient leur vie sur Facebook sont scrutés et jugés. Il en est de même quant à leur prise de position. Aujourd’hui, deux magistrats sortent du lot, mais pas forcément dans le bon sens. Certes, ce sont des simples citoyens, mais ce sont aussi des magistrats qui assument publiquement leur prise de position politique. Fanirisoa Ernaivo n’est plus une inconnue. Elle a été connue pour sa bataille contre l’impunité par rapport à l’affaire de Claudine Razaimamonjy. Cette prise de position lui a valu la sympathie d’un certain nombre de personnes et permis de faire oublier la fameuse histoire du parking d’Ampefiloha ou du moins, de mettre en sourdine cette histoire. Elle a été candidate à l’élection présidentielle. Malheureusement, comme beaucoup, elle a été incapable de gérer sa popularité si bien qu’emportée par le feu de l’action elle a fait son dérapage verbal en public à l’égard des forces de l’ordre. Aujourd’hui, elle prend clairement position pour Ravalomanana et entame une autre bataille dans ce sens. Pour le commun des mortels, si Fanirisoa revient au tribunal dans son travail de juge, on verra à travers elle la défenseure de Ravalomanana.
Idealson quant à lui, était peu connu du public. Ceux qui le connaissent savent qu’il a travaillé avec l’équipe de la transition sur un dossier, puis a occupé pendant des années un poste de directeur à la Présidence sous Rajaonarimampianina pour par la suite critiquer sans relâche Rajaonarimampianina et revenir vers Rajoelina. Des sources sûres de la magistrature et même ses anciens amis magistrats racontent qu’il était derrière les sorties de prison de criminels par le biais des mains d’œuvre pénale dont celle ayant permis à la Chinoise Stéphanie connue pour les histoires de kidnapping de sortir de prison alors qu’elle devait encore y purger sa peine. Montrant fièrement sur les réseaux sociaux qu’il est de l’équipe de Rajoelina aujourd’hui, publiant ce qu’il y fait, notamment récupérer des plis électoraux et poser devant l’hélicoptère du numéro 13, sa prise de position est aussi limpide. Le simple citoyen qui croisera désormais le magistrat y verra un fervent défenseur de Rajoelina.
Bien évidemment, ces magistrats sont d’abord des citoyens et à ce titre, ils ont leur propre opinion politique, leur préférence, mais bon nombre de magistrats ont plus de retenue et n’étalent pas sur les réseaux sociaux leur opinion politique. Les fanatiques du 13 n’ont donc pas à croiser les chemins de Fanirisoa et les fanatiques du 25 n’ont pas à croiser les chemins de Idealson… mais leurs chemins à eux deux se croiseront toujours, car ils sont dans le même corps de métier. On ne peut néanmoins s’empêcher de poser la question si cette manie de prendre une position politique et de le porter à la connaissance du grand public est bien “digne” de la profession de magistrats. Idealson et Fanirisoa ne sont pas les seuls, beaucoup sont les magistrats qui publient librement leur couleur politique et dont les comptes sont accessibles à tous. Exactement comme la police ou la gendarmerie, ce corps de métier devrait faire preuve d’un peu plus de discrétion et agir dans la droiture à l’image de leur ministre actuel.
D.R.