Madagascar gagne un point et évolue de trois places en 2018 par rapport à 2017 mais reste dans le top 30 des pays les plus corrompus au monde.
Peut mieux faire. Madagascar a connu une légère embellie dans le classement mondial de l’indice de perception de la corruption 2018. Hier à Soarano, Transparency international- Initiative Madagascar (TI-IM) a révélé un progrès d’un point par rapport à l’année 2017. Avec un score de 25 sur 100, la Grande Île a gagné trois places dans le classement mondial. Désormais, Madagascar se situe à la 152ème place sur 180 pays. «C’est la première fois depuis cinq ans qu’il y a une inversion de tendance. Depuis 2012, le score de Madagascar a régressé chaque année», explique Frédéric Lesné, conseiller en développement organisationnel à TI-IM.
Malgré cette légère évolution, Madagascar reste dans la zone rouge.
«Comme par le passé, Madagascar réalise un score préoccupant qui démontre l’enracinement de la corruption dans tous les secteurs actifs du pays, publics comme privés», regrette Me Alex Rafamantanantsoa, président de TI-IM. En 2018, plusieurs scandales de grande corruption ont défrayé la chronique. Dans le rapport d’activité trimestriel publié dans le site du Bureau indépendant anticorruption (BIANCO) a reçu mille neuf cent doléances au 30 septembre 2018, dont cinq cent seize sont classés «investigables» c’est-à-dire qu’il y a des indices de corruption dans le dossier. «Les doléances reçues concernent généralement les détournements de deniers publics, l’abus de fonction ainsi que la corruption. La sécurité, la Justice et le foncier sont les domaines les plus touchés», explique Jean Louis Andriamifidy, directeur général du Bianco.
De l’espoir
Pour le cas de Madagascar, l’IPC est calculé sur la base de sept sources de données provenant d’institutions indépendantes. Pour l’année 2017, cet indice a été obtenu à partir de huit sources de données. «Cinq des sept sources de données ont attribué le même score que 2017. L’ONG Varieties of democracy a attribué en 2018 dix-sept points contre quinze en 2017. Le World economic forum n’a pas attribué de note à Madagascar en 2018», explique Frédéric Lesné. Le lien entre l’absence de notation par cette entité et l’amélioration du score de Madagascar en 2018 est à démontrer sans oublier que les entités de lutte contre la corruption n’ont pas ménagé leurs efforts l’année dernière.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, quelques avancées ont été observées en 2018. Dans le domaine législatif, il s’agit de l’adoption par le parlement de la loi sur le blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Toutefois, celle sur le recouvrement des avoirs illicites est remise aux calendes grecques. Par ailleurs, plusieurs décrets d’application restent encore en attente. Sur le plan structurel, la mise en place et l’opérationnalité du premier pôle anticorruption (PAC) a permis d’accélérer le traitement des dossiers concernant ce fléau. «Cette lutte se gagne avec de la volonté politique», continue Jean Louis Andriamifidy.
Le classement de Madagascar dans l’IPC 2018 est la situation de référence pour le nouveau régime. Dans son discours lors de son investiture, Andry Rajoelina, président de la République a déclaré qu’il fera de la lutte contre la corruption, sa priorité. Une déclaration qui transparaît dans les discours des ministres entrants lors des différentes passations de pouvoir.
«Une lueur d’espoir se dessine, à condition que le nouveau régime joigne l’acte à la parole (…), l’adoption de la loi sur le recouvrement des avoirs illicites constituera un premier test de la réelle volonté des nouveaux dirigeants», conclut Me Alex Rafamantanantsoa.
Andry Rialintsalama