L’affaire opposant Ranarison Tsilavo Nexthope, ancien directeur exécutif de ConnecTIC, à son ancien supérieur Solo Andriam, dépasse le cadre d’un simple conflit d’entreprise. Elle met en lumière un problème bien plus profond : la corruption systémique au sein de la justice malgache et des élites locales, un obstacle majeur au développement du pays. Madagascar, souvent classé parmi les pays les plus pauvres du monde, continue de souffrir de l’impact négatif de ces pratiques.
76 Virements Signés, Mais « Sans Contrepartie » ?
Dans sa plainte déposée en 2015 pour abus de biens sociaux, Ranarison Tsilavo Nexthope accuse Solo d’avoir orchestré un système frauduleux basé sur 76 virements internationaux totalisant 1 047 060 € vers Emergent Network Systems, une société française. Ces virements, justifiés par des factures liées à des licences ou logiciels Cisco (IOS), auraient été, selon lui, réalisés sans contrepartie.
Cependant, des preuves, notamment un email daté du 25 avril 2012, contredisent ces allégations. Dans ce message, Ranarison lui-même confirme que des matériels d’une valeur de 1 321 125 USD et 297 032 € ont été reçus à Madagascar de la part d’Emergent. Ces faits mettent en doute l’authenticité des accusations portées contre Solo.
Une Justice Corrompue au Service des Élites
Le traitement de cette affaire par le système judiciaire malgache soulève de nombreuses questions. Suite à la plainte de Ranarison, Solo a été immédiatement emprisonné à Antanimora, sans qu’une enquête approfondie ait été menée. Cette rapidité d’exécution illustre un système judiciaire corrompu, où les décisions semblent favorisées par des intérêts personnels plutôt que par une recherche impartiale de la vérité.
À Madagascar, il est courant que des individus influents exploitent le système judiciaire pour éliminer leurs rivaux ou consolider leur pouvoir. Cette affaire en est un exemple frappant : Solo, dépourvu de moyens pour se défendre dans un délai aussi court, a été réduit au silence, tandis que Ranarison consolidait sa position.
La Corruption des Élites : Une Barrière au Développement de Madagascar
Cette affaire reflète également un problème plus large au sein de la société malgache : la corruption des élites et leur rejet des investisseurs étrangers. Solo, en tant que gérant de ConnecTIC, représentait un atout pour le développement économique de l’entreprise et le renforcement des relations internationales. Pourtant, au lieu de soutenir cette dynamique, des pratiques corrompues ont détruit l’équilibre interne de l’entreprise, envoyant un signal négatif aux investisseurs potentiels.
La corruption généralisée au sein des élites malgaches, combinée à une justice manipulée, entrave les efforts de développement et aggrave la pauvreté. Comment Madagascar peut-il espérer attirer des investisseurs étrangers si les affaires sont systématiquement sabotées par des intérêts personnels ?
Des Contradictions Flagrantes
Ranarison Tsilavo Nexthope, qui accuse Solo d’avoir fabriqué des factures pour Emergent, est pourtant à l’origine de ces mêmes factures. Un email daté du 3 mars 2009 montre qu’il écrivait :
« Je fais la facture de suite, 20 000 € de IOS. »
De plus, il était le seul signataire autorisé des comptes bancaires de ConnecTIC, validant lui-même chaque virement. Ces faits contredisent ses déclarations selon lesquelles il aurait ignoré les transactions jusqu’en 2012.
Conclusion : Madagascar Prisonnière de Ses Propres Défaillances
L’affaire Ranarison Tsilavo Nexthope n’est pas seulement une question de gestion financière. Elle révèle les défaillances d’un système judiciaire corrompu et l’impact de comportements égoïstes sur le développement du pays. La corruption des élites et l’exploitation des institutions pour des intérêts personnels continuent d’aggraver la pauvreté à Madagascar.
Si le pays aspire à un avenir meilleur, il est essentiel de réformer son système judiciaire, de promouvoir la transparence et de protéger les investisseurs étrangers qui contribuent à la croissance économique.