Les dés sont pipés. Dans les dernières nouvelles qui nous sont parvenues, des noms ont été avancés pour remplacer le premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana. Malgré le caractère temporaire de cette fonction, cela nous semble incongru que le Président de la République Hery Rajaonarimampianina puisse encore avoir le dernier mot sur le nom du prochain occupant de ce poste vacant. Dans cet imbroglio politique qui dépasse les compétences de la population, car les référents juridiques sur lesquels ces décisions s’appuient, sont à mon humble avis, teintés de déviationnisme envers l’esprit sur lequel était mené ce mouvement politico-social de la place du 13mai. Alors, ni les auteurs de ce dernier, ni les observateurs avisés des réseaux sociaux, ne sont dupes de cette ultime tentative de récupération orchestrée par les tenants des pouvoirs juridiques et exécutifs. Il est vrai qu’aucun manifestant du 13 mai et aucun internaute dans l’opposition ne s’attendait à ce glissement vers une résolution politique ahurissante qui est de donner au président de la république actuel la primauté concernant le choix d’un nouveau premier ministre qui sort du sérail de ce mouvement social. Comment avons-nous pu en arriver là ? On ne sait plus quoi penser ! On a donc perdu du temps et de l’argent sans qu’il n’y ait vraiment de changement conforme au désir du peuple ? En fait, comme il n’y a pas de fumée sans feu, qui sont les traîtres qui ont fomenté l’intromission de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) dans le giron de cette contestation nationale ? Eh oui, on a beau crier que la justice malgache a besoin du toilettage le plus profond pour pouvoir officier de nouveau, vu sa partialité envers le pouvoir qui a nommé la majorité de ses membres, vu son immobilisme avéré sur les obligations ou droits et devoirs d’un état de droit, vu son incapacité à juguler la corruption active en son sein. En effet, la mise en place de la Haute Cour de Justice (HCJ) ne fut que contrainte et forcée par les derniers évènements politico-sociaux. La légitimité d’une institution dépend du timing dans lequel elle est mise en place. Je m’explique, si un gouvernement aux abois et en fin de mandat est dans l’empressement de réguler une situation des plus critiques vis-à-vis des opinions publique et internationale, et quand cela est fait seulement à la veille de sa chute, déontologiquement, il m’est difficile d’entériner cette action non conforme à l’orthodoxie d’une mise en place institutionnelle. Ces pratiques archaïques d’un autre temps ne doivent plus avoir cours actuellement. On croyait fermement que cet état de chose était parmi les revendications de la population malgache, mais à l’arrivée, tel n’est plus le cas. La majorité des grévistes sont dans l’expectative vis-à-vis de la situation actuelle et se retrouvent ébahis par la tournure des évènements. La manipulation des politiciens véreux était d’une subtilité machiavélique détournant vers d’autres horizons l’essence même des revendications du peuple. Alors, on se demande vers quelle catastrophe sociétale notre pays va-t-il encore se diriger ?
Max Randriantefy